Avortement

Par OMS

L'OMS définit la santé comme un état de complet bien-être physique, mental et social, qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité. 

Pour faire de la santé pour tous une réalité et avancer vers la réalisation progressive des droits humains, il faut que tous les individus aient accès à des soins de santé de qualité, y compris des services complets de soins d’avortement – qui comprennent l’information, la prise en charge de l’avortement et les soins post-avortement. Le manque d’accès à des soins d’avortement sécurisés, abordables, respectueux de la personne et dispensés en temps voulu représente un risque non seulement pour le bien-être physique, mais aussi mental et social, des femmes et des filles.

L’avortement provoqué (ou interruption volontaire de grossesse) est un acte médical simple et courant. Chaque année, près de la moitié de toutes les grossesses – 121 millions – sont non désirées ; six grossesses sur dix sont des grossesses non désirées et sur l'ensemble des grossesses, trois sur dix se terminent par un avortement provoqué. L’avortement est sécurisé lorsqu’il est pratiqué selon une méthode recommandée par l’OMS, adaptée à la durée de la grossesse, et par une personne possédant les compétences nécessaires. Cependant, lorsque les femmes dont les grossesses ne sont pas désirées font face à des obstacles pour obtenir un avortement de qualité, elles ont souvent recours à un avortement à risque.

Veiller à ce que les femmes et les filles aient accès à des soins d’avortement fondés sur des données probantes – ce qui signifie qu'ils sont sécurisés, pratiqués dans le respect de la personne et sans discrimination – est fondamental pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) relatifs à la bonne santé et au bien-être (ODD 3) et à l’égalité des sexes (ODD 5).

Le fait de restreindre l’accès à l’avortement ne réduit pas le nombre d’avortements ; cela a toutefois des conséquences dramatiques sur la sécurité des avortements qui ont lieu.

Près de la moitié de tous les avortements ne sont pas sécurisés, et les pays en développement supportent le fardeau de 97 % de ces avortements à risque. À l’échelle mondiale, les avortements non sécurisés représentent 4,7 à 13,2 % de tous les décès maternels, les populations des régions en développement étant touchées de manière disproportionnée. En outre, on estime que chaque année 7 millions de femmes dans les pays en développement sont traitées dans des établissements hospitaliers pour des complications dues à un avortement non sécurisé.

Les obstacles à des soins d’avortement sûrs, dispensés en temps voulu, géographiquement accessibles, abordables, respectueux de la personne et non discriminatoires peuvent causer une détresse émotionnelle et violer le droit des femmes et des filles au respect de leur vie privée ; leur droit à l’égalité et à la non-discrimination ; leur droit de vivre à l’abri de la torture ou d’autres traitements ou châtiments inhumains ou dégradants. Ces obstacles ont également des conséquences financières et sociales pour les personnes et les communautés, notamment en ayant un impact négatif sur les possibilités qu'ont les femmes et les filles d’obtenir une éducation et de participer pleinement et effectivement à la société.

La législation sur l’avortement qui oblige les gens à voyager pour obtenir légalement des soins, ou qui exige l'obligation de recevoir des conseils ou des délais d’attente, pèse sur les systèmes de santé et peut entraîner pour les femmes des frais de déplacement, une perte de revenu ou la nécessité de recourir à un avortement non sécurisé.

Une part disproportionnée des ressources est utilisée pour les soins post-avortement : dans les pays en développement, les traitements des complications des avortements non sécurisés coûtent aux systèmes de santé 553 millions de dollars des États-Unis (USD) par an, tandis que les ménages subissent une perte de revenu de 922 millions USD du fait des incapacités qui en résultent.

L’avortement peut être pratiqué de manière sécurisée et efficace dans des contextes variés et par diverses personnes, y compris des agents de santé de différentes catégories et en début de grossesse par la femme elle-même.

Des soins d’avortement centrés sur la personne, équitables et accessibles contribuent à une utilisation efficace des ressources et permettent aux femmes d’obtenir des soins conformes à leurs valeurs, à leurs préférences et à leur situation. Ils sont favorisés par des systèmes de santé qui fonctionnent bien ; la disponibilité et l’accessibilité de l’information ; et le respect des droits humains dans un cadre juridique et politique favorable

Faire en sorte que des soins d’avortement sécurisés et dignes soient accessibles dans la pratique à toutes celles qui en ont besoin implique, entre autres, que/qu' :

  • un nombre suffisant d’agents de santé, de catégories différentes, fournissent des soins d’avortement de proximité ;
  • l’accès aux soins d’avortement est rendu possible par diverses approches en matière de prestation, y compris l’auto-prise en charge de l’avortement ;
  • les soins d’avortement ne causent pas de difficultés financières aux femmes ; 
  • les lois et les politiques qui sont des obstacles à des soins d’avortement de qualité (notamment la criminalisation de l’avortement, les délais d’attente obligatoires et les exigences d’autorisation par des tiers) sont supprimées ;
  • le personnel soignant est formé pour fournir des soins sécurisés et respectueux de la personne, et pour interpréter les lois et les politiques d’une manière conforme aux droits humains ;
  • l’accès à l’avortement n’est pas entravé par le refus de certains agents de santé de fournir des soins sur la base de croyances personnelles ; et
  • les gens ont accès à des informations précises et non biaisées pour prévenir les grossesses non désirées et prendre en toute autonomie leur décision concernant l’avortement.