Le terme «sexe» correspond aux caractéristiques biologiques qui différencient les hommes et les femmes. Le terme «genre» désigne, lui, les constructions sociales associées aux femmes et aux hommes : normes, rôles, pouvoir et relations, par exemple.
L’inégalité entre les sexes est l’une des causes des résultats de santé inéquitables qu’obtiennent les femmes et les filles.
La prématurité, l’asphyxie à la naissance et les infections sont les principales causes de décès lors du premier mois de vie. Au cours de la petite enfance et de l’enfance, les causes de décès sont identiques pour les deux sexes.
Toutefois, dans certaines cultures, les discriminations fondées sur le sexe portent préjudice aux filles, et l’on observe des pratiques telles que l’avortement sélectif et l’infanticide féminin.
On estime que 18 % des filles sont victimes d’abus sexuels au cours de leur enfance, contre 8 % chez les garçons.[9]
Dans certains cas, l’accès aux vaccins, aux services de soins et à une alimentation équilibrée est plus difficile pour les filles que pour les garçons.[10] Par ailleurs, la préférence pour les fils peut avoir comme conséquence une réduction de la période d’allaitement exclusif des filles.
À l’adolescence, les différences entre les sexes deviennent plus visibles et les normes fondées sur le sexe commencent à apparaître. À l’échelle mondiale, les principales causes de décès chez l’ensemble des adolescents sont les accidents de la route, les conduites auto-agressives et la noyade.
Chez les adolescentes âgées de 15 à 19 ans, les principales causes de décès sont les affections maternelles, les conduites auto-agressives, les accidents de la route, les maladies diarrhéiques et les infections des voies respiratoires inférieures.[11] Les troubles dépressifs liés à l’auto-agression et au suicide sont des problèmes de santé majeurs chez les adolescentes.
Les adolescentes ont plus de risques d’être victimes d’abus sexuel et sont également confrontées à des pratiques préjudiciables comme le mariage des enfants et les mutilations sexuelles féminines.
La plupart des filles deviennent sexuellement actives pendant l’adolescence. Elles sont souvent contraintes ou forcées d’avoir des relations sexuelles et sont victimes d’autres formes de violence sexiste.
Chaque année, environ 15 millions de filles sont mariées avant l’âge de 18 ans.[12],[13],[14],[15] Le mariage des enfants a de lourdes conséquences sur leur niveau scolaire et sur celui de leurs enfants.[16],[17],[18]
Chaque année, environ 16 millions de filles âgées de 15 à 19 ans et quelque 1 million de filles de moins de 15 ans donnent naissance à un enfant, principalement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. On estime que 3 millions d’avortements non sécurisés sont pratiqués chaque année dans le monde dans cette tranche d’âge.
Les adolescentes et les jeunes femmes représentent deux nouveaux cas sur trois d’infections à VIH dans le monde.[19]
L’anémie ferriprive représente une part importante des années de vie ajustées sur l’incapacité (DALY) chez les adolescentes.
De plus en plus, des problèmes nutritionnels pendant l’enfance et l’adolescence entraînent surpoids et obésité, lesquels peuvent accroître le risque de décès prématuré et de handicap à l’âge adulte.[20]
Les troubles du comportement alimentaire sont plus répandus chez les filles. L’anorexie mentale est le trouble le plus fréquent et son taux de mortalité est le plus élevé parmi l’ensemble des troubles mentaux.[21]
Les adolescentes consomment de plus en plus de tabac, d’alcool et d’autres drogues, ce qui peut nuire à leur santé pendant cette période de leur vie et ultérieurement, ainsi qu’à la santé de leurs enfants.[22]
Chez les femmes âgées de 15 à 49 ans, le VIH et la tuberculose sont des risques majeurs pour la santé.
Les affections liées à la grossesse, à l’accouchement et au post-partum constituent une source importante de morbidité et de mortalité. Chaque jour, environ 830 femmes en âge de procréer meurent de complications obstétriques.[23]
Les affections maternelles, notamment la dépression périnatale, la fistule obstétricale et d’autres complications liées aux actes obstétricaux, sont 20 fois plus fréquentes que les décès maternels.
L’accès à des méthodes de contraception sûres et efficaces, ainsi que leur contrôle, permettent d’éviter des grossesses non désirées et d’espacer correctement les naissances.
Les principales maladies non transmissibles sont les premières causes de mortalité et d’incapacité chez la femme adulte. Les femmes risquent aussi davantage que les hommes d’être atteintes de dépression et d’anxiété. La dépression du péripartum et du post-partum ont de graves répercussions sur les femmes et leurs enfants.
Dans le monde, les cinq cancers les plus répandus chez les femmes sont le cancer du sein, celui du poumon, le cancer colorectal, le cancer du col de l’utérus et celui de l’estomac. Influencés par les normes sexospécifiques, la consommation de tabac, l’exposition au tabagisme passif et l’emploi de combustibles solides pour préparer les repas sont les premiers facteurs de risque de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et du cancer du poumon.[24]
La lombalgie, la cardiopathie ischémique, l’accident vasculaire cérébral et les troubles dépressifs majeurs sont les principales causes de DALY chez les femmes âgées de 45 à 59 ans. Concernant les maladies cardiovasculaires, des données indiquent que les femmes ont tendance à être diagnostiquées et soignées plus tardivement que les hommes, et de manière moins active.
La violence au sein du couple est l’une des formes les plus répandues de violence contre les femmes.[25] Elles a de profondes conséquences sur la santé physique, sexuelle, reproductive et mentale des femmes.
Le vieillissement en bonne santé se définit par un bon état de santé et de bien-être et une absence de stigmatisation ou de discrimination. Les cardiopathies, les accidents vasculaires cérébraux et les pneumopathies chroniques constituent les premières causes de mortalité chez les femmes de cette tranche d’âge, où qu’elles vivent.
Les taux de traumatismes chez les femmes de plus 65 ans sont beaucoup plus élevés que chez les hommes, ce qui s’explique par les chutes dont elles sont victimes et qui peuvent être liées à l’ostéoporose et à d’autres affections chroniques sous-jacentes.[26]
La démence est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes dans cette tranche d’âge.
En raison d’une espérance de vie plus longue et des normes sexospécifiques dominantes, les femmes jouent généralement le rôle d’aidant pour leurs partenaires masculins et les autres membres de la famille en fin de vie.
La santé est un droit fondamental de la personne humaine et l’instauration de la couverture sanitaire universelle, avec une protection contre l’appauvrissement, est un fondement nécessaire pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) liés à la santé.
En entend par couverture sanitaire universelle la situation dans laquelle toutes les personnes bénéficient des services de santé dont elles ont besoin sans connaître de difficultés financières.
Les hommes et les femmes se trouvent dans une situation différente. Le paiement direct par l’usager peut ainsi fortement entraver l’accès aux soins de santé pour les femmes veuves et les femmes cheffes de famille.
Le changement climatique et environnemental a des répercussions différentes sur la santé des hommes et des femmes. Les femmes et les filles sont davantage exposées aux facteurs de risque environnementaux tels que l’eau contaminée et la pollution de l’air à l’intérieur des habitations. Elles risquent aussi davantage de mourir pendant les catastrophes naturelles et sont plus vulnérables pendant les crises humanitaires : elles sont par exemple fréquemment victimes de viol, sont plus exposées à la violence au sein du couple et au trafic, et peuvent souffrir d’un accès insuffisant aux soins de santé essentiels.
La plupart des femmes ne bénéficient toujours pas de soins de santé complets tout au long de la vie, et il faut agir d’urgence. En adoptant une approche de la santé centrée sur la personne, tout au long de la vie, les femmes et les filles deviennent actrices de leur santé.
Les femmes contribuent à la santé plus qu’à tout autre secteur et doivent être reconnues et valorisées en conséquence. La lutte contre les préjugés sexistes et les inégalités entre les sexes chez les personnels de santé et chez les travailleurs sociaux est essentielle pour instaurer la couverture sanitaire universelle et atteindre les objectifs de développement durable.
L’OMS s’efforce d’améliorer la santé des femmes en renforçant la fourniture de tous les services et l’accès à ceux-ci. Cette action recouvre les problèmes de santé sexuelle et reproductive, tels que les soins maternels, mais aussi l’accès aux services intégrés de lutte contre le VIH et la tuberculose, et la prévention de la violence sexiste, des maladies cardiovasculaires, du cancer, du diabète, de la démence et de l’obésité. L’OMS s’attache également à réduire les facteurs de risque, à promouvoir la santé mentale et à améliorer la vie des femmes handicapées.
En collaboration avec les États Membres, l’OMS renforce la capacité des prestataires de soins de santé et du système de santé à combattre la violence contre les femmes et les abus sexuels sur les enfants et les adolescents, par la mise en œuvre du Plan d’action mondial visant à renforcer le rôle du système de santé pour lutter contre la violence, en particulier à l’égard des femmes et des filles et à l’égard des enfants.
Plan d’action mondial visant à renforcer le rôle du système de santé dans une riposte nationale multisectorielle à la violence interpersonnelle, en particulier à l’égard des femmes et des filles et à l’égard des enfants
L’OMS s’efforce d’améliorer la mesure des indicateurs de la santé sexuelle et reproductive dans les pays, notamment la mortalité et la morbidité maternelles, l’avortement, et la violence contre les femmes.
L’OMS collabore avec les États Membres pour accélérer les efforts afin d’améliorer la santé et le bien-être des femmes, des enfants et des adolescents, par la mise en œuvre de la Stratégie mondiale pour la santé de la femme, de l’enfant et de l’adolescent (2016-2030).
Stratégie mondiale pour la santé de la femme, de l’enfant et de l’adolescent (2016-2030) - en anglais
L’Organisation soutient pleinement les principes du mouvement «Chaque femme, chaque enfant», y compris dans les contextes humanitaires et les autres situations d’urgence sanitaire, en menant des programmes qui tiennent compte des questions de genre.
Chaque femme, chaque enfant - en anglais
L’OMS renforce son action face aux violences sexistes dans les situations d’urgence, au moyen de formations et en sensibilisant les populations des pays, avec des mesures opérationnelles et des travaux de recherche.
L’OMS collabore avec des organisations professionnelles, le monde universitaire et les États Membres afin que chaque femme bénéficie d’une « expérience positive de l’accouchement », dans le respect et la dignité, en la faisant participer aux décisions concernant les soins qu’elle reçoit pendant la phase de travail et l’accouchement.
L’OMS s’efforce d’améliorer la santé des femmes âgées et s’attache tout particulièrement à mettre en œuvre les cinq priorités stratégiques de la Stratégie et du plan d’action mondiaux sur le vieillissement et la santé 2016-2020, tout en renforçant les systèmes de santé et les systèmes de soins de longue durée pour les personnes âgées, dans lesquels les femmes représentent la majorité du personnel de santé.
L’OMS apporte un soutien aux États Membres conjointement avec le Bureau international du travail (BIT) et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) afin de promouvoir l’élaboration, le financement et la mise en œuvre de stratégies de transformation pour supprimer les biais et les inégalités liés au genre chez les personnels de santé et les travailleurs sociaux.